12 juil. 2020, 00:49
DISCOURS DE LANCEMENT DE CAMPAGNE 179
Le Mouvement Révolutionnaire Citoyen s'était longuement préparé à ce rendez-vous. Outre le fait que le mandat du MRC à la tête du pays avait été le plus prolifique et le plus modernisateur que le Saphyr ait jamais connu, il fallait également rappeler que le dernier score du Parti aux élections générales avait été stratosphérique. Nul ne s'attendait évidemment à atteindre de nouveau 30% des voix, mais tous espéraient pouvoir gouverner de plus belle pour parvenir à la troisième et ultime étape de la politique socialiste et du programme communiste sur le long terme.
Il suffisait d'un mandat supplémentaire et l'Empire du Saphyr pourrait rejoindre le joyeux orchestre des nations socialistes. Ivan devait donc mener une campagne légère et tranquille. Le plus dur ayant été fait sur le plan politique, il ne fallait que continuer l'effort et le terminer, ce qui n'était pas compliqué sur le plan législatif mais bien plus à défendre devant ses concitoyens. Ivan en était conscient mais il savait également que peu voire nul homme ou femme n'avait autant d'expérience politique que lui et que le bilan de ses adversaires n'était clairement pas aussi reluisant que le sien.
Camarades, mes chers compatriotes !
Je suis heureux de vous revoir dans cette enceinte où l'on s'est découvert et où l'on s'est vu grandir ensemble, années après années depuis maintenant onze ans. Voilà onze années que nous fréquentons ensemble ce zénith et je constate que rien n'a été altéré, ni notre enthousiasme, ni notre force commune, ni notre volonté jamais assouvie de rendre justice à travers le monde entier. Car c'est bien de cela qu'est fait l'étincelle qui à chaque instant fait battre nos coeurs, de justice. Vous comme moi avons la volonté de faire tomber le monde de l'égoïsme, de l'injustice et de l'horreur pour faire advenir les lendemains qui chantent, les jours heureux. C'est cela être révolutionnaire : ne plus se contenter des vieilles tambouilles fédérées que l'on servait autrefois dans nos universités sous le nom de libéralisme. C'est cela être révolutionnaire et à celles et ceux qui se demanderont si le Président du Conseil que je suis est toujours révolutionnaire après une décennie passée à gouverner le pays, je vous réponds que je le suis toujours autant. Mon bilan vous le prouve, j'ai toujours autant à coeur de faire s'écrouler les vieilles injustices et de construire pour demain, un monde meilleur. Résolument bien meilleur.
Vous me direz que depuis que je suis aux commandes, il ne doit plus y avoir de bastions réactionnaires et que la révolution a été accomplie ! Ce serait trop beau, hélas. Nous en avons parcouru des bornes pour arriver bientôt à notre objectif final, mais hélas il reste encore de nombreux pas à faire. Je serai là pour vous accompagner et que nous continuons de suivre encore ce chemin qui aura permis de supprimer les problèmes de logement, de réduire la privation d'emploi, de réduire les violences familiales et identitaires, de combattre les thérapies de conversion, d'offrir à tous un accès aux études supérieurs, d'offrir à tous la reconnaissance de son savoir, d'offrir à tous une main tendue vers laquelle se tourner quand ça va mal. Ne sous-estimons pas les nouvelles couleurs dont nous avons fardé le visage de notre pays. Ce que nous avons accompli est grand, beau et magnifique mais des forces obscures et de sombres personnages rodent encore pour vous reprendre toutes les conquêtes que vous avez vaillamment obtenues. Parmi ces personnes, Kirsten Sullivan et Rowan Real. Ces deux obombrées figures du libéralisme dégénéré ont aujourd'hui même tenu un discours chacun. Je les ai entendu. Je suis Président du Conseil et comme à mon habitude, j'écoute toutes les idées qui proviennent de mes concitoyens, sans soucis de celui ou celle qui les prononce. Bien entendu, j'ai été largement déçu de l'une comme de l'autre, et surtout j'ai été effrayé par les vieilleries qui reviennent nous hanter sous un badigeon moderne.
Pour celles et ceux qui vous demandent en quoi, je serai toujours un Président du Conseil révolutionnaire, je vais vous répondre très simplement en vous dévoilant ce que pensent les autres candidats. Et vous verrez alors que la défense de vos conquêtes sociales, la défense du progrès et de la marché inexorable de la modernité, n'est pas quelque chose que nous partageons, vous comprendrez que vous avez à craindre de la contre-révolution et vous comprendrez alors ce qu'est la révolution. Ce n'est pas comme l'on pourrait s'imaginer dans une représentation romantique, une insurrection armée qui viendra pendre par les tripes l'Empereur et sa famille, ou des barricades élevées pour faire front aux forces de l'Etat. Même si s'opposer violemment et frontalement aux forces étatiques, le MRC l'a déjà fait et vous le savez autant que moi, lorsque le mari de Kristen Sullivan était au pouvoir. Cet homme dont elle affirme soutenir le bilan avait, je vous le rappelle, osé permettre décréter par son Ministre, la rafle des étrangers et c'étaient les communistes puis les socialistes qui avaient riposté. Ne croyez pas ce temps révolu, il se mène encore une ardente bataille entre réactionnaires et révolutionnaires ; une bataille que je vous enjoins à rejoindre et à gagner. Maintenant, écoutons ce qu'ont à nous dire Madame Sullivan et Monsieur Real.
Madame Sullivan, commence par vanter le bilan de son mari qui avait à coeur d'améliorer la vie des saphyriens et des saphyriennes prétend-elle. Avez-vous ressenti n'importe quelle amélioration de vos conditions de vie quand il était au pouvoir ? Avez-vous ressenti n'importe quelle changement sinon la mise en concurrence de nos niveaux de vie avec ceux de la Fédération-Unie et la peur au vente quand il envoyait ses chiens de garde pour rafler ceux à qui l'on bafouait le droit d'asile ? Moi non plus. Une fois qu'elle eut finit de raconter les méfaits de son mari dont le dernier sera d'avoir abandonné ses idées pour une poignée d'Augustis, en prostituant son objectif d'améliorer notre vie pour la finance. Voilà ce qu'est la fidélité des conservateurs à leurs idées ! Sitôt qu'il se trouve une contrariété face à eux - et cette contrariété, dans le cas Sullivan, c'est le scrutin démocratique - les voilà repartir dans leurs petites affaires où ils vont boursicoter pour se faire du profit sur le dos des travailleurs. Quand mon mandat sera fini, quand j'aurais accompli ce que je devais accomplir et qu'il me faudra céder la main, je n'irais pas utiliser mon salaire à perpétuer l'exploitation des travailleurs d'ici et d'ailleurs ; je retournerai à ma petite boulangerie pour cotiser mes années d'annuité et obtenir ma petite retraite. Comme vous. Mon parti ne s'arroge pas le qualificatif "Populaire" et pourtant je le suis bien plus que les milliardaires qui dirigent l'ADP.
Ensuite, madame Sullivan continue en critiquant les tensions qu'il y a pu avoir entre le MRC et l'USE. Bien sûr, on peut dire qu'on a eu quelques divisions à moment donné. Mais celles-ci sont passées et bien passées et nous travaillons main dans la main et ce à plusieurs égards. Par ailleurs, nous n'avons toujours pas fini notre travail et il nous reste quelques travaux à présenter au Sénat. Cependant il est sain qu'une majorité puisse diverger à certains endroits, cela prouve contrairement à ce que prétendait l'opposition que l'USE n'est pas le valet du MRC. Par ailleurs vous aurez remarqué qu'aux dernières élections, ces gens-là nous accusaient de manipuler l'USE et désormais ils nous accusent de ne pouvoir nous entendre convenablement avec. Je vous le dis, chers amis, le MRC est parfaitement capable de discuter et il l'a montré. S'il y a parfois eu des hauts et des bas, il y a toujours eu un dialogue démocratique entre nous et nous sommes toujours parvenus à un compromis dans l'intérêt du pays.
Voilà ce qui sera toujours notre chemin, à nous, communistes : suivre la voie du dialogue dans l'intérêt supérieur de notre peuple. Et c'est en cela que chaque citoyen saphyrien qui souhaite, veut et aspire à connaître encore une fois, un Saphyr tranquille, apaisée et dominé par la conciliation et le calme doit voter communiste de nouveau. Même durant les crises pour lesquels nos adversaires auraient envoyé la police, l'armée ou je-ne-sais-quelle force violente, nous avons toujours su résoudre les problèmes pacifiquement et sans escalade. Je me suis toujours assuré que la direction et le gouvernement de notre pays ne se ferait pas aux dépens des droits et libertés individuelles, contrairement à mes adversaires. Par exemple, quand Madame Sullivan m'accuse directement d'empêcher la reconnaissance du mérite, du travail ou de l'innovation. Ce qu'elle se trompe. Au contraire, ce sont nos lois qui encouragent chaque jour les possédants à rémunérer mieux le travail et le mérité, sans quoi leurs propres salaires sont plus limités. Ce sont nos lois qui encouragent l'innovation car les possédants doivent investir pour être moins imposés, sans perdre leur capital.
Nos lois de protection de l'emploi ont également permises de réduire le chômage en interdisant les licenciements hors faute grave quand l'entreprise dégage des bénéfices. Une pratique courante que Madame Sullivan veut réhabiliter. Nous avons également massivement employé pour créer des dizaines et des dizaines de milliers d'emplois dans le pays. Des emplois dont les conditions de travail sont justes et équilibrées. Ainsi, chaque travailleur bénéficie d'un temps de travail modéré et d'un salaire suffisant à une vie décente. C'est cela la liberté révolutionnaire que les communistes ont offertes et démocratisées à tout le pays : la liberté de ne travailler qu'un temps modéré et la liberté de profiter du reste du temps avec suffisamment de moyens pour ne pas avoir à être assisté.
Tous ces investissements ont mené à une croissance économique plus forte. Vous n'êtes pas censé l'ignorer mais bon nombre d'études économiques nous prouve chaque jour que la pauvreté a un effet néfaste sur l'économie, or plus on supprime de pauvreté, plus on crée de demande intérieure : la première source de croissance. C'est ce que nous avons fait. Alors je le dis tout net, les meilleurs gestionnaires économiques de ces dernières années ont été les communistes et les socialistes. Nous sommes parvenus à une croissance forte, à une pauvreté basse et à une convergence des couches sociales. Tous nos efforts ont mis les voyants au vert et nous parvenons à une égalitarisation des situations sociales. Chaque jour, la condition des travailleurs et de leurs patrons se rapproche au point que demain, chacun devra travailler et mériter sa situation. La méritocratie et la lutte contre l'assistanat, nous en sommes les premiers et les plus ardents représentants. Et ce sera là la grande révolution qu'aura connu notre siècle : D'une vision économique héritière où les plus riches sont ceux qui n'ont pas mérité leur fortune, nous arriverons à une société où l'effort sera la seule reconnaissance sociale. Le droit de naissance sera totalement aboli de fait et naître d'un père anciennement roturier ou noble, ne vous épargnera en aucun cas et d'aucune manière du travail à effectuer pour le bien commun de notre société. Voilà vers où nous nous dirigeons et déjà les forces contre-révolutionnaires veulent nous faire retourner au temps de l'égoïsme et de l'hérédité déterminante. Non ! La révolution que nous menons abolira le déterminisme hérédité, et vos géniteurs ne seront plus la première cause de réussite ou d'échec dans votre vie !
Abordons brièvement et finalement le discours de Rowan Real. Comment dire ? Auparavant avec Monsieur Bunch, j'ai cru voir dans le Parti Impérial, un parti moderne qui avait renoncé à ses vieilleries et aspirait à être plus ouvert, tolérant et en accord avec les moeurs de son temps. Que ce fut bon d'avoir un adversaire avec de la verve, de la vigueur. Que ce fut bon d'avoir - et je n'ai aucun mal à le dire - un adversaire plus grand que soi, qui partant d'une idéologie réactionnaire avait su faire son petit bonhomme de cheminement intellectuel et savait défendre ses idées. Hélas, le jeune Real devait arriver et matérialiser tout ce qui nous fait horreur. Cette loque intellectuelle dont le but premier est de rétablir le lien entre l'Etat et l'Eglise, ce lien que nous avons su découdre pour permettre de remettre en question les pratiques sectaires et homophobes de l'Eglise. Ces liens qui, décousus, ont permis à 180 000 jeunes d'être sauvés des thérapies de conversion, c'est ceux-ci que Rowan Real veut recoudre comme on recoud deux morceaux de chair cadavériques pour faire venir à la vie, une créature par le biais de quelque éclair. L'Empire du Saphyr constantin est enterré et ne doit jamais revenir. Le MRC et l'USE seront désormais le rempart face aux contre-révolutionnaires, car oui, il y a eu une véritable révolution au Saphyr et celle-ci s'apprête à être engloutie par les réactionnaires si nous ne nous levons pas en masses pour préserver tout ce qui fait désormais notre grandeur dans le concert des nations développées : notre égalitarisme, notre liberté de pensée, de vivre décemment, notre Révolution en somme.
En continuant encore quelques petites années sur la voie socialiste, nous pourrons ranger définitivement les fusils dans les poubelles de l'Histoire et notre Révolution aura été accomplie de sorte que plus jamais nous ne pourrons retourner en arrière. Quand nous aurons enfin goûter à la société nouvelle dont toutes les avancées et les progrès accomplis sous mon gouvernement n'ont été que les avant-goûts, plus aucun retour en arrière sur nos conquêtes sociales ne pourra et ne saura être toléré. Si vous aspirez à connaître un monde nouveau, alors je vous demande de me faire confiance une dernière fois. Comme vous m'avez fait confiance et à raison pour vaincre l'homophobie, comme vous m'avez fait confiance et à raison pour combattre les violences familiales, comme vous m'avez fait confiance et à raison pour permettre à chacun de vivre de son travail ou d'accéder à des études longues.
Vive le Saphyr !