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Maison d'Olaf Bjornsonn

Posté : 11 août 2022, 22:01
par Olaf Bjørnsønn
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Dans le quartier résidentiel de Rosyth se trouvait la maison d'Olaf Bjornsonn. Maison typique de Njördland, très prisée de la classe moyenne, elle était le nid d'amour de la famille offert par les prodigalités d'un grand-père qui s’enorgueillissait d'avoir mis à l'abris sa descendance. Olaf n'aimait rien tant que de tondre sa pelouse et de discuter avec son voisin Nils par dessus la haie du jardin.

Dans le salon, une discussion grave préoccupait Olaf et son épouse Anna.
- Allez ! postule ! tu ne perds rien à tenter une candidature spontannée. Et puis qui te dis que tu ne sera pas pris... Bien sûr tu as de l'embonpoint, mais ce physique... disons... contre-intuitif peut être un avantage.
- Postule ! Après tout tu es à l'ADP, Maximilian Kristiansen est du même parti que toi, il te le rendra bien.
- C'est que ça ne se passe pas comme ça ma chérie. Il y a des concours, l'accès à un corps, une montée en grade...
- Postule ! Ma copine Dagmar a bien eu son poste au service du courrier du Maire-adjoint de Mindsten ainsi...
- Ce n'était pas un poste si important...
- Postule ! Sur un mal attendu ça peut fonctionner... Je t'ai bien épousé moi !

Sur ces mots, Olaf rédigea une lettre de candidature à l'attention du Haut-Commissaire à la Sécurité pour la direction des affaires spéciales du conseil. L'homme y faisait entrevoir son amour de la patrie, sa loyauté à l'égard de la majorité au pouvoir et sa connaissance des arcanes des administrations civiles et militaires.

Re: Maison d'Olaf Bjornsonn

Posté : 11 août 2022, 23:59
par Olaf Bjørnsønn
Sans attendre la réponse du Haut-commissaire, Olaf se mit à préparer le concours de l'Ecole nationale de Police qui restait pour lui le plus sûr moyen d'intégrer la célèbre DASC. Heureux titulaire d'un Terminal + 3 - bien qu'en Histoire de l'Art -, il pouvait prétendre passer le concours de la prestigieuse école qui formait les officiers de police. Des semaines durant, il remplaça les frites qu'il aimait tant par des légumes bouilli, se passa de frumentaire - nom qu'il donnait au repas après le dîner pour "tenir la nuit" disait-il, car ajoutait-il "12 heures de sommeil ça creuse !"'. Il fit son sport quotidien : marche à pied, course à pied, musculation au prix d'un accoutrement ridicule, d'heures de sueur laborieuse. Il apprit le droit et la procédure.

Si bien, que le jour du concours, bien que sa morphologie tendit toujours vers le gros, ou plutôt le gras, il pu se présenter aux épreuves sportives, non sans s'être plusieurs fois affranchi d'une diarrhée passagère provoquée par le stress. Traité de "femmelette", de "gonzesse" de "tarlouze" par l'instructeur, il termina bon dernier des épreuves sportives, mais dans le classement, empêchant ainsi son élimination.

Fort heureusement, l'écrit ne posa aucun problème à un homme dont la seconde passion - après la connaissance des ordres et décorations civils et militaires était celle des arcanes de l'administration et du droit ; en plus de la pêche à la mouche au lac - L'épreuve de composition était fort intéressante : "le maintien de l'ordre : une doctrine en débat ?" Il prit d'abord une perspective historique et retraça l'évolution de la doctrine saphyrienne de maintien de l'ordre depuis le début du XXe siècle, date de son attribution à la force policière. Puis, il mit en évidence les nouvelles formes de mobilisation qui exigeaient l'évolution de la pratique. Enfin, il mit fit un point sur les questions les contestations à la doctrine, jugée trop violente, chez les manifestants, relevant pour finir le paradoxe d'un malaise parmi les forces de l'ordre perçues comme des cibles.

Re: Maison d'Olaf Bjornsonn

Posté : 13 août 2022, 21:53
par Olaf Bjørnsønn
Ce jour-là une lettre estampillée aux cachet du haut-commissariat à la sécurité avait pris place dans la pile de courrier réservée à la maisonnée. Bjornsonn, fébrile, l'ouvrit. Ses yeux se penchèrent vers le résultat écrit en gras : ADMIS. Abasourdi, il relut l'ensemble du courrier. Il n'avait pas rêvé. Il venait d'être admis au concours d'officier de police. D'ici quelques jours, il rejoindrait les rangs de l'école nationale de la police avec la spécialité renseignement. Au vu du relevé de notes. S'il s'était accordé un 8 en sport, frisant la note éliminatoire, son 19 en composition lui avait sauvé la mise. Plus que la joie d'avoir réussi un concours, il venait de prendre une revanche sur la vie !

Comme à son habitude sa mère (poule), inquiète de le voir quitter le Njordland pour Orcyssia la semaine, lui promit de lui envoyer de bons petits plats afin qu'il ne dépérisse pas. Que pourrait dire son père désormais ? Et bien beaucoup de chose encore : après tout un policier n'était pas un militaire et comme fonctionnaire, pesait sur lui un soupçon de collusion avec le pouvoir en place, loin du service du Saphyr éternel. Olaf ne se laissa pas démonter.

Dès le lendemain, il partit acheter son trousseau de rentrée. Son épouse quant à elle prépara ses valises, repassa un à un ses habits, ses chemisettes à carreaux, ses pantalons en velours côtelés (dont il ne se séparait jamais même en été), ses pulls en V, ses slips (car Olaf préférait, selon ses mots, "se sentir bien maintenu dans un slip plutôt que perdu dans un caleçon"). Elle prit soin d'y ajouter une veste (en velour côtelé toujours), une chemise blanche (pour les cérémonies) et sa cravatte de soie violette qu'il affectionnait tant. Épouse aimante, elle glissa quelques galettes au beurre qu'elle et les enfants avait confectionné ainsi qu'un mot d'amour suintant de niaiserie mais charmant dont elle avait le secret. A quelques jours du départ, Olaf était prêt.